Un professeur de l'Ecole nationale supérieure de chimie de Mulhouse (ENSCMu) est jugé à partir de mercredi pour une explosion qui a fait un mort,un blessé grave et détruit un des bâtiments de cette école d'ingénieurs le 24 mars 2006. Alain Louati est poursuivi devant le tribunal correctionnel de Mulhouse pour homicide et blessures involontaires par négligence ou imprudence.
On reproche à cet enseignant-chercheur en électrochimie de 62 ans d'avoir réalisé un montage expérimental sans respecter les règles de l'art.
Il aurait notamment utilisé des flexibles inappropriés et quitté son laboratoire sans refermer la bouteille d'éthylène qu'il venait d'utiliser.
L'installation aurait été dépourvue de colliers de serrage,ce qu'il nie,bien que les flexibles n'aient jamais été retrouvés ni mentionnés par l'enseignant lors d'une première reconstitution avec les experts.
Alain Louati,qui attribue l'accident à l'intervention d'un tiers,s'est adressé aux victimes et à leurs familles dès l'ouverture du procès.
"Je sais combien vous souffrez",a-t-il dit avant de réfuter toute faute de sa part.
"J'ai bien fermé la bouteille d'éthylène.
J'ai bien vérifié que toutes les bouteilles de gaz étaient fermées et bien fermées.
Je n'attends qu'une chose,que la justice établisse toute la lumière sur ce drame".
La compagne de Dominique Burget,l'enseignant de 41 ans tué dans l'explosion qu'elle avait connu en préparant sa thèse à l'ENSCMu,lui a répondu à mots couverts,expliquant que l'explosion avait "massacré" son existence.
QUELQUES LIBERTES"Je supplie les personnes qui ont une responsabilité là-dedans de le reconnaître.
Rester dans le flou ajoute un élément atroce à la souffrance",a affirmé Valérie Lemée.
Alain Louati s'est défendu pied à pied,rejetant sur les pratiques au sein de l'école les quelques libertés qu'il reconnaît avec les règles de sécurité,comme la bouteille d'éthylène qu'il avait conservée dans son laboratoire après l'expérimentation au lieu de la remiser dans le "bunker" prévu à cet effet.
"Ca fait 35 ans que je suis dans les labos,on ne me l'a jamais dit",a-t-il répondu sur ce point.
Le chercheur affirme en revanche avoir verrouillé la porte de son laboratoire avant de le quitter pour la pause déjeuner quand les experts ont déterminé qu'elle n'était pas fermée à clé.
L'hypothèse d'une action extérieure n'a pas été retenue par la juge d'instruction,Sandrine Batalla.
Il a également expliqué comment il se trouvait marginalisé au sein de l'école au moment des faits,travaillant seul après avoir quitté le laboratoire "Gestion des risques et environnement" en raison de promesses non tenues à son égard.
L'explosion s'était produite à l'heure du déjeuner au rez-de-chaussée du bâtiment.
Elle avait été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde..
L'événement était survenu en pleine contestation étudiante du CPE,le contrat première embauche,mais le mouvement n'était pas particulièrement virulent au sein de l'Ecole de chimie et rien n'est venu étayer la piste d'une malveillance.
Le procès doit durer trois jours.